- EXODE (LIVRE DE L’)
- EXODE (LIVRE DE L’)EXODE LIVRE DE L’Deuxième livre du Pentateuque. Les juifs le désignent par ses premiers mots, Weelleh Shemot («voici les noms»). Bien que la sortie d’Égypte ne couvre que quinze des quarante chapitres du livre, les Septante l’ont appelé Exodos («sortie»): terme dont la fortune sera grande dans le christianisme.Parmi les livres bibliques, l’Exode est celui dont la variété des genres est le plus grande: récits historiques, contes populaires, poésies, généalogies, textes législatifs, préceptes moraux, juridiques et cultuels. L’unité du livre néanmoins est sauve, grâce à la manière dont il continue la Genèse (oppression subie en Égypte par les descendants de Jacob) et organise deux thèmes majeurs: la délivrance (salut) d’Égypte et l’Alliance conclue au Sinaï. Le héros principal, Moïse, sous les trois aspects de sa figure — médiateur, guide ou sauveur et législateur —, cimente cette unité. Il deviendra le prototype de cet autre personnage, le Messie, lequel, tant dans les textes juifs pré- ou parabibliques que dans la première littérature chrétienne (Évangiles), sera dépeint sous les traits du Nouveau Moïse.On peut diviser l’Exode en trois parties:la préparation de la sortie d’Égypte (I, 1-XII, 36) — oppression des Hébreux, vocation et élection de Moïse, les dix plaies, l’agneau pascal;la sortie d’Égypte et le chemin vers le Sinaï (XII, 37-XVIII, 27) — départ, passage de la mer Rouge, cantique de Moïse, marche dans le désert;l’Alliance au Sinaï (XIX, 1-XL, 38) — théophanie avec communication du Décalogue et du code de l’Alliance, ratification de l’Alliance et remise des tables de pierre, instructions pour la construction du sanctuaire, les vêtements sacrés et la consécration des prêtres. Entre la communication de ces dispositions (XXV-XXXI) et leur exécution (XXXV-XL), il faut ajouter (XXXII-XXXIV) l’apostasie d’Israël, avec l’adoration du veau d’or, le bris des tables de la Loi, leur reconstruction et le renouvellement de l’Alliance.Comme dans la Genèse, la critique a décelé dans l’Exode l’enchevêtrement des trois documents, yahviste (J), élohiste (E) et sacerdotal (P), avec prédominance du premier. Généralement, les trois traditions se réfèrent aux mêmes événements; quelques-uns cependant ne se trouvent rapportés que par une seule: par exemple, la vocation de Moïse (III, 9-XV) et la victoire sur les Madianites (XVII, 8-15) ne sont relatés que par E.Le thème fondamental de l’Exode est l’Alliance sinaïtique (XIX et XX, J-E); le passage de la mer (XIV, J-P) en est le récit central; la révélation du nom divin (III, 13-15, E) est aussi un lieu saillant; l’existence d’un rituel pascal très élaboré (XII, P) est à relever.Si l’on possède bien moins de commentaires de l’Exode que de la Genèse, en revanche, un certain nombre d’éléments de ce livre ont servi de figures dans l’élaboration du premier discours chrétien. La typologie exodique du Nouveau Testament est riche: correspondances entre le passage de la mer et le baptême, entre la manne et l’eucharistie, etc.; saint Paul appelle le Christ immolé «notre Pâque» (I Cor., V, 7).La relation biblique de l’Exode avait été faite par Israël du seul point de vue de son expérience et de ses conceptions religieuses. Quelques siècles plus tard, l’Égypte des Ptolémées prit sa revanche littéraire en écrivant le même récit de son propre point de vue. Des histoires populaires apparurent, reçues comme d’authentiques explications des origines juives: Moïse était présenté cette fois comme l’homme rejeté par les dieux, l’adversaire de toute vraie religion. Cette histoire, qui parut d’abord sous le nom de Manéthon, prêtre et auteur égyptien du \EXODE (LIVRE DE L’) IIIe siècle, fera, elle aussi, son chemin.
Encyclopédie Universelle. 2012.